Du 29 au 31 août, Fais-Moi l’Art a accueilli la première édition du Festival de photographie et d’art contemporain de Montréal. Porté par l’organisme à but non lucratif TOKAY* et soutenu par le CIDIHCA, ce festival s’est donné pour mission de revendiquer la place de la photographie dans une ville où elle « restait en retrait », estime l’initiatrice du projet, la photographe Phalonne Pierre Louis.
Par Karl Foster Candio
Sous le thème Échos du Passé, la première édition du festival a mis l’accent sur l’histoire d’Haïti, du Congo et de la Côte d’Ivoire, en utilisant des images pour tisser des liens entre ces cultures. L’événement phare a été l’exposition de photos d’archives, captées en Haïti entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e.
Du simple portrait de famille aux reportages sur les soirées jet set des Duvalier, en passant par l’immortalisation de moments historiques comme la construction de la Grand-rue de Port-au-Prince, l’exposition a mis en lumière le travail de photographes tels que Louis Doret, A. Guyot, Eugène Mevs, Dietz et Benoît Couba, ainsi que de nombreux photographes anonymes.
La programmation a aussi fait la part belle au cinéma africain. Les films Bal Poussière et La vie est belle ont été projetés, suivis de discussions sur la façon dont le cinéma africain redéfinit les codes de l’image contemporaine.
En prélude au festival, dans le cadre de causeries diffusées en ligne, le 19 août (Journée mondiale de la photographie), l’historien Frantz Voltaire a retracé les débuts de la photographie haïtienne. D’autres discussions en ligne ont suivi, d’abord avec la photographe Rafaëlle Castera (le 22 août), puis avec les réalisateurs Pierre-Michel Jean et Réginald Louissaint Jr (le 25 août).
Un festival prometteur
L’exposition a attiré de nombreux visiteurs. Parmi ceux-ci, la ministre de la Santé du Canada et députée de Papineau, Marjorie Michel, qui a salué l’initiative et invité les organisateurs à reproduire l’événement dans sa circonscription.
Pour Frantz Voltaire, il est « extrêmement important d’organiser cet événement pour faire découvrir Haïti autrement, au moment où on vit une situation catastrophique ». Le CIDIHCA, dont l’historien est le fondateur, est d’ailleurs l’une des organisations accompagnatrices du festival.
Le public aussi a exprimé son intérêt. Pour Josué Sénat, le festival est une initiative « ambitieuse » qui permet un contact direct avec le passé. « Nous pouvions ainsi confronter les images avec ce que nous avions l’habitude d’entendre sur Haïti durant le siècle passé », a-t-il affirmé.
Devant cet enthousiasme, l’exposition a été prolongée jusqu’au 2 septembre. L’équipe de TOKAY a déjà donné rendez-vous pour une deuxième édition l’année prochaine. L’exposition, quant à elle, devrait voyager dans d’autres espaces au cours de l’année.
* L’association TOKAY, née à l’automne 2024 de l’initiative d’artistes et de professionnels issus de l’immigration, a pour objectif de créer des opportunités pour les créateurs et créatrices de la diversité sur la scène culturelle québécoise.


