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    Les médias sociaux, nos enfants et nous

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    Par Jobnel Pierre

    Aujourd’hui, nous sommes plus distraits que jamais en surfant sur les médias sociaux. En assistant à une réunion, en suivant un cours à l’université, en conduisant ou en mangeant, la distraction induite par les médias sociaux nous habite de plus en plus. Nos vies ont changé, car nous sommes à l’ère éclatée des médias sociaux. Toutes nos discussions gravitent autour d’un écran de téléphone. Nous devenons si accros à notre cellulaire que nous ne nous rendons même pas compte des souffrances et des blessures qu’endurent de nombreux peuples sur cette planète bleue. Cet espace vital que nous sommes en train de transformer à l’encontre de notre bien-être collectif…   

    Dans ce monde d’écrans, les grandes victimes sont nos enfants. Car chaque enfant, qu’il vienne d’une famille aisée ou de la classe moyenne, a accès à un appareil électronique. Au point où ces derniers assument à notre place le rôle de parent dans la vie de nos enfants, qui passent des heures incalculables devant leurs écrans cathodiques.

    Dans ce monde d’écrans sans frontières, nos enfants jouent à des jeux dont nous ne connaissons même pas la finalité. Fatigués après une journée de dur labeur, nous laissons à nos enfants notre cellulaire. Nous ne nous soucions guère des contenus dangereux, nuisibles ou inappropriés que les jeux leur transmettent.

    Dans son texte « Dompter la Bête des médias sociaux : conseils pour réaliser l’équilibre », Samantha Gonzalez écrit : « Les enfants aujourd’hui peuvent trouver facilement des contenus dangereux, nuisibles, ou inappropriés. Que ce soit au travers d’algorithmes technologiques ou de messages indésirables, nos enfants peuvent être exposés à des images d’utilisation de substances, de violence, ou de comportements désobligeants. Une exposition à des médias nuisibles a été reliée à une augmentation de l’anxiété, de la dépression, et des troubles liés à l’usage de substances toxiques (p. 176) ».

    Les dangers sont réels : dépendance, perte de concentration, intimidation en ligne, surconsommation d’images, exposition aux discours toxiques, désinformation, image de soi abîmée… Trop souvent, nous découvrons les dégâts après coup. Nous devons maintenant reconnaître que les médias sociaux ne sont pas de simples outils ludiques mais des médias qui façonnent des comportements, agissent sur notre psychisme, dictent des normes et endoctrinent nos choix de vie.

    Jamais une génération n’a grandi avec autant de présence numérique. Nos enfants vivent exposés quotidiennement aux projecteurs des médias sociaux. Chaque photo, chaque commentaire devient une pierre dans la construction de leur identité. Cette construction, si fragile, est généralement guidée par des formules basées sur le temps d’attention des enfants.

    Nous avons sous nos yeux une génération d’enfants et d’adultes en perte d’attention : incapables de se concentrer pendant quelques minutes, agités intérieurement, distraits. Une génération brillante mais fragile ! Osons dire que cette situation n’est pas normale.

    Dans son bel essai La disparition de la petite enfance, Neil Postman (2023) déclare que la télévision et l’Internet ont une grande influence sur nos enfants, dans le sens qu’ils sont exposés à des contenus nuisibles. Mais, étant donné que nous devons travailler (deux emplois, parfois) pour subvenir aux besoins de nos familles, nous les laissons surfer d’un jeu à l’autre sur l’Internet pendant que, parfois, nous dormons sans avoir une idée de ce que l’enfant regarde, sans avoir même une idée avec quelle sorte de jeux électroniques il joue.

    Aujourd’hui, le numérique semble être plus important que l’être humain lui-même. L’ère numérique constitue la « Belle Époque postmoderne » pour de nombreux usagers. Car, que l’on soit parent ou enfant, la tablette ou le téléphone cellulaire sont un outil essentiel dans notre vie. Aujourd’hui, en parlant à un ou une amie, au lieu de nous écouter les uns les autres, nous adoptons un comportement addictif, accrochés à notre cellulaire. Nous vivons dans un monde où les gens sont de plus en plus distraits tant ils s’attachent au précieux Baby Phone qu’ils adorent. 

    Nous ne sommes pas en train de diaboliser les écrans, ni de fermer toutes les portes. Mais nous voulons poser des limites claires, ouvrir le dialogue et montrer le chemin à suivre. Car nous ne pouvons pas demander à nos enfants de décrocher si nous sommes nous-mêmes rivés à nos téléphones. Par ailleurs, si nous ne faisons rien, notre capacité d’éduquer, d’aimer et de transmettre le savoir risque de s’effacer.

    Face au danger des réseaux sociaux, il y a raison de nous plaindre quand notre cellulaire nous rend moins sociables alors qu’il était conçu pour nous rapprocher. Il y a raison de nous plaindre quand nos enfants voyagent d’un réseau social à l’autre sans que nous puissions les suivre. Il y a raison de nous plaindre quand certains automobilistes envoient des messages textes alors qu’ils conduisent, parfois à grande vitesse sur une autoroute. Chose certaine, l’écran et la route ne s’accordent pas, d’autant plus lorsqu’il y a des piétons.  

    Gardons l’attention sur la route ! Bref, les réseaux sociaux ne doivent pas contrôler notre vie. C’est plutôt nous qui devons les contrôler !

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