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    Comment le Compas haïtien a-t-il conquis l’UNESCO ?

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    L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) vient d’accorder une reconnaissance historique et émouvante au Compas (en créole : Konpa). En effet, le Konpa, un genre musical et une danse emblématique d’Haïti, vient d’entrer officiellement dans le patrimoine culturel immatériel de l’humanité.  

    Par Jean-Bart Souka

    Il y a soixante-dix ans, Nemours Jean Baptiste[1], saxophoniste, compositeur haïtien, crée le Konpa, une danse et une pratique musicale qui traversent le temps. En mars 2024, Haïti, la Perle des Antilles, présente un dossier à l’UNESCO pour que le Konpa fasse partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Pari gagné ! Le comité, qui étudie plusieurs dizaines de candidatures à l’UNESCO, a inscrit le Konpa haïtien à ce patrimoine, tout comme il l’avait fait pour la rumba cubaine (2016), les polyphonies pygmées de Centrafrique (2003) et les tambours du Burundi (2014).

    « J’ai appris cette nouvelle avec joie et avec beaucoup de souvenirs du travail mené par le ministère [haïtien] de la Culture et de la Communication[2] », s’exclame Emmelie Prophète, ancienne ministre de ce ministère.

    Elle se rappelle de la délégation de la presqu’île caraïbéenne qui se rendait à l’UNESCO, à Paris, pour soutenir la candidature d’Haïti. « Nous y avons cru, car le compas est un élément identitaire extrêmement important pour Haïti, et c’est sur cet aspect que l’UNESCO s’est appuyée », ajoute Mme Prophète qui a travaillé sur le dossier de candidature. Elle est, évidemment, ravie que cette « reconnaissance arrive à un moment où on a besoin de parler d’Haïti autrement que de ses problèmes politiques et sécuritaires. »

    Cette musique et cette danse langoureuses pratiquées à Port-au-Prince, dans les villages, même isolés, et dans la diaspora, ont amené l’UNESCO, entre autres, à exiger un documentaire très explicite pour se conformer à la procédure d’inscription. 

    Les experts, à Port-au-Prince et ailleurs, associent les origines du Compas à un concert offert, en juillet 1955, dans la capitale haïtienne, par le saxophoniste Nemours Jean Baptiste. Il tire ses origines du continent africain et de la France coloniale, tout en s’inspirant des chansons cubaines et dominicaines, explique Jean Yves Joseph, dit Fanfan Tibòt, lui aussi musicien à succès. Tabou Combo, sa formation musicale désormais cinquantenaire, avec son rutilant Konpa, a permis au genre musical de franchir un palier à l’international. Porte-étendard de la musique haïtienne pendant plusieurs décennies, il a consolidé son titre d’ambassadeur sur la scène internationale, entre autres, avec son album Kompa to the World. Il a même chanté des textes en anglais et en espagnol afin de conquérir plus d’admirateurs et d’admiratrices (fans), concède Jean Yves Joseph.

    Dans le document de candidature du gouvernement haïtien, on dit de la danse du Konpa qu’elle est « une marche rythmée, marquée par des mouvements de bassin, des pas alternés et une connexion physique entre les danseurs ».

    [1] Nemours Jean-Baptiste, 1918-1985.

    [2] Source : Agence France Presse (AFP).

                                  Particularité du KonpaSelon le dossier de candidature présenté à l’UNESCO, cette musique populaire « se caractérise généralement par son utilisation de percussions, de guitares, d’instruments à clavier ». Le « rythme est essentiellement conduit par une batterie syncopée ». 

    La danse du Konpa, pour sa part, est assimilée à une marche rythmée marquée par des mouvements de bassin, des pas alternés et une connexion physique entre danseurs et danseuses, relève encore le document de candidature de l’État haïtien. 

    Créant généralement une atmosphère élégante et envoûtante, elle est souvent exécutée sous des lumières tamisées. Cette pratique si courante évoque une ambiance intime, feutrée et magique.  

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