Plus jeune, il taquinait la muse, essayait la danse et jouait de la musique. Rêvant de devenir basketteur professionnel, un grave accident met fin à son espoir. Mais à 19 ans, le jeune Olivier se réinvente et trouve enfin sa voie dans l’art et… les baskets.
Par Jean-Numa Goudou
Cet artiste multidisciplinaire dont les parents viennent de la République démocratique du Congo (RDC) avait pourtant un rêve d’enfant : devenir joueur de la NBA comme les Nord-Montréalais Luguentz Dort ou Bénedict Mathurin. Sa blessure à la suite d’un accident d’auto l’a contraint de renoncer à ses rêves de basketteur professionnel.
« Avec ce que je vis aujourd’hui, je suis content du choix qui m’a été imposé par la vie, mais en regardant en arrière je pense que j’aurais fait ce choix d’être un artiste aujourd’hui, considère-t-il maintenant. Si je n’avais pas été blessé, je ne le saurais peut-être pas, mais sur la base de l’expérience que je vis présentement je peux dire cela ».
Son père et l’art
Justement, il a abandonné l’actuariat pour devenir artiste. Olivier Lwambwa est hyperactif. En plus de ses activités artistiques, il occupe un emploi à temps plein en marketing.
Mais c’est l’art qui coule dans ses veines, même si cela vient « avec un sentiment de deuil à la maison ». Son père, un artiste internationalement connu et qui faisait des masques d’argile de tribus africaines, est décédé alors qu’il n’avait que quatre ans. En raison de cette triste réalité, « on voulait toujours mettre l’art en dessous du tapis chez nous », se souvient-il.
« Le décès de mon père faisait en sorte que je ne posais pas mon regard sur l’art. Je n’ai jamais cru que c’est quelque chose que j’avais en moi », dit-il, paradoxalement.
Le basket et Montréal-Nord
Le regard d’Olivier se posait sur le basket, en fait. Né dans le quartier Rosemont, il venait souvent jouer à Montréal-Nord avec des amis, coéquipiers ou adversaires. Ceci l’a branché avec ce quartier qui a mauvaise presse et qu’il défend maintenant.
« Je connais les gens là-bas, je suis conscient de leur réalité : les gens font un portrait négatif du quartier alors que c’est beaucoup plus que cela », argumente l’artiste. En plus de s’y impliquer, Olivier Lwambwa laisse son empreinte d’artiste dans le quartier.
En juin dernier, il a été appelé à reconstituer artistiquement les deux terrains de basket du parc Saint-Laurent. C’est d’ailleurs là que s’est déroulée, par la suite, la 30e édition du Tournoi de basket de rue dans un décor conçu par Olivier.
Il personnalise des souliers pour de nombreux joueurs des Alouettes et prend part au Festival mural de Montréal. Chose certaine, l’artiste d’origine congolaise ne se fixe pas de limite et n’a « pas peur de faire des erreurs ». « Oui il y a des techniques, mais il n’y a pas de règles. Oui je fais de l’art. Mais à la fin de la journée, dans ma tête, je suis en train de jouer », dit-il
Cadet d’une famille de quatre enfants, le souhait de sa mère était qu’il obtienne une bonne éducation et qu’il reste dans la voie religieuse. « Ma mère m’a déjà dit : tu es vraiment comme ton père »…
Olivier se découvre une passion pour l’art à l’âge de 19 ans et s’exprime alors en personnalisant des baskets et des vêtements. Au début, il utilisait ses propres chaussures et lorsqu’il n’y en avait plus, il proposait à ses amis d’en faire sur les leurs. Cela l’a amené à lancer son entreprise, @luxury7, en 2017.
Son art est principalement constitué de couleurs vibrantes et de souvenirs d’enfance. Entre les dessins animés, les jeux vidéo, les tendances de la mode et l’esthétique rétro, il veut transformer le monde en un terrain de jeu où chacun peut se réjouir à sa manière.
