Le début du mois de septembre marque la rentrée scolaire de tous les niveaux au Canada. C’est le moment pour Com C’est Nous de jeter un coup d’œil sur le système éducatif québécois. Et quand on se compare, on se console.
Par Thomas Lalime
Selon les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), en 2023, le score moyen des jeunes Québécois en mathématiques a été de 514, alors que la moyenne était de 497 au Canada. Les Québécois du réseau francophone ont obtenu un score 515, comparativement à une moyenne de 500 pour le réseau anglophone. Le résultat des Québécois est considéré comme statistiquement supérieur à celui des autres provinces et à la moyenne des 80 régions du monde qui ont participé au PISA en 2023. À titre de comparaison, les États-Unis, la France et la Suède ont eu un résultat plus faible, respectivement de 465, 474 et 482.
Il importe toutefois de souligner qu’en juin 2024, le nombre d’élèves québécois ayant réussi les épreuves en mathématiques en cinquième secondaire était en hausse par rapport à l’année précédente, alors que le pourcentage d’échecs à l’épreuve ministérielle d’écriture a été également plus élevé. De façon assez surprenante, les élèves anglophones étaient plus nombreux à réussir l’épreuve d’écriture en français langue seconde, avec un taux de réussite de 82 %, en hausse de près de 4 points de pourcentage par rapport à l’année précédente.
Malgré ses faiblesses, le système éducatif québécois demeure donc relativement performant. Chapeau bas à nos professeurs! Quel beau métier que celui d’être professeur! Il suffit d’assister à une cérémonie de collation de grades pour s’en rendre compte. Et ceci, quel que soit le niveau. Celle à laquelle j’ai assisté ce mercredi 19 juin 2024 a eu lieu à l’école du Grand-Héron du Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais. Elle couronnait les efforts des élèves de la sixième année du primaire. Et la direction de l’école avait mis le paquet : buffet ouvert aux finissantes, finissants et parents, certificats délivrés aux gradué(e)s et, surtout, l’album des finissants et finissantes contenant les photos prises tout au cours de l’année scolaire. Ces activités sont riches d’enseignement sur la qualité de la formation dispensée.
Le rêve des élèves
Tout se passe très vite pour les élèves. Chantal Caron, la directrice de l’école du Grand-Héron l’a si bien souligné dans ses propos de circonstance consignés dans l’album des finissants et finissantes : « Le temps file à une vitesse surprenante, et voilà déjà votre parcours au primaire qui touche à sa fin. Il semble que c’était hier que vous étiez nos tout-petits du préscolaire, arborant des yeux remplis de questions et débordants de curiosité. Aujourd’hui, quelques années plus tard, vous avez grandi pour devenir les grands, les modèles de notre école. Vous êtes prêts à franchir le cap vers le secondaire. »
Et le cycle va continuer. Très bientôt, ce sera la fin du secondaire. Toujours, avec l’aide des vaillants et dévoués professeurs. Ensuite, la fin de l’université. Avec, encore, l’encadrement et le soutien de brillants professeurs. L’ensemble des cycles d’études constitue un escalier. Si la première marche ne tient pas, tout s’effondrera tôt ou tard. Quand toutes les marches se tiennent fermement, on aboutit à une main-d’œuvre hautement qualifiée, capable de participer activement au processus d’innovation technologique préalable à une croissance économique soutenable.
C’est très émouvant de lire dans l’album des finissants et des finissantes les projections que les élèves se sont faites d’eux-mêmes quand ils auront vingt-cinq ans. Ils et elles rêvent de devenir scientifiques, ingénieurs, professeurs, footballeurs, policiers, entrepreneurs, architectes, artistes, médecins, journalistes, pour ne citer que quelques exemples. On est curieux de les revoir dans 10 ans. Ce qui est sûr, c’est qu’ils et elles se montrent déjà prêts et prêtes à assurer la relève et à faire mieux que les générations passées, qui sait?
Le métier de professeur est un métier passionnant qui demande du temps, de la préparation, de la patience et de la psychologie. Il faut être à la fois pédagogue, père de famille, conseiller, encadreur… Les enfants ont une capacité d’apprentissage extraordinaire. Il suffit de les mettre en situation de l’exploiter pour les voir exploser en sciences, arts et sports, ainsi que dans la vie de tous les jours. Globalement, durant l’année scolaire, les enfants passent plus de temps avec les professeurs qui leur servent de modèles et de guides qu’avec leurs parents. L’avenir de nos enfants dépend en grande partie d’eux. Et nous le savons tous : les enfants représentent l’avenir de la nation et du monde. Donc, cela incombe aux professeurs d’une grande responsabilité citoyenne. Tant vaut l’école, tant vaut la nation, dit-on.
Les jeunes garçons décrochent davantage
Il est paradoxal de constater aujourd’hui combien les professeurs sont déboussolés. Obligés de faire la grève pour espérer améliorer leurs conditions de vie, beaucoup abandonnent ce noble métier. Les élèves décrochent aussi à un rythme effrayant. De même que les étudiants. On est donc confronté à une crise sociale et existentielle si l’avenir de l’enseignement et de l’enseignant est menacé.
Au Québec, le taux de sorties sans diplôme ni qualification au secondaire, en formation générale des jeunes (FGJ), était de 16 % pour la cohorte d’élèves de 2021-2022. Il s’agit d’une hausse de 2,5 points de pourcentage par rapport au taux de 2020-2021 (14 %). C’est une hausse inquiétante puisqu’elle survient après une période où la tendance du taux était plutôt à la baisse, passant de 22 % en 1999-2000 à 13 % en 2016-2017. Pour la période allant de 2017-2018 à 2020-2021, le taux était relativement stable autour de 14 %. Annuellement, le taux de décrochage des garçons est supérieur à celui des filles. Même si l’écart entre les sexes a diminué au cours des 20 dernières années, il se situe encore à 7 points de pourcentage pour la cohorte d’élèves sortants en 2021-2022.
La salle de remise des diplômes des élèves de l’école du Grand-Héron reflétait exactement la démographie de la ville de Gatineau : une mosaïque sociale et culturelle où toutes les nations se côtoient harmonieusement. Avec de petites chicanes, parfois, mais vite résolues. La satisfaction pour un travail bien fait se lisait sur le visage des parents, des élèves, des professeurs et des membres de la direction.
Justement, l’éducation des enfants est une œuvre collective qui requiert l’intelligence des professeurs, l’encadrement des directeurs et du personnel de direction, l’accompagnement et le soutien des parents, l’assiduité et la motivation des élèves ainsi que la vision et les directives de l’État à travers les gouvernements. Le tout compose le fameux orchestre où chacun exécute sa partition avec maestria pour une symphonie sociale des plus agréables.