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    Voix féministes décoloniales : des mises en lumière plus que nécessaire

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    Revisiter l’essai Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées d’Alexandra Pierre représente un exercice nécessaire, interpellant, puissant. On en ressort plein d’indignation, mais surtout d’estime pour ces femmes qui repensent le monde, organisent, créent, luttent, rendent hommage et donnent à leur tour la parole à des penseuses autochtones, noires et racisées qui les ont inspirées et qu’on veut immédiatement lire et relire.

    L’impulsion pour écrire ce livre vient notamment d’une expérience vécue par l’autrice, Alexandra Pierre : alors qu’elle participait à un panel féministe et nommait l’influence des femmes haïtiennes dans son parcours de militante, les femmes blanches de l’auditoire semblèrent tomber des nues. Anecdote éclairante sur l’invisibilisation systémique des luttes des femmes autochtones, noires et racisées, on comprend ici l’importance d’avoir donné, et de continuer à donner, la parole à celles-ci afin de mettre en lumière des héritages et réalités incontournables pour comprendre le monde colonial dans lequel nous vivons – afin de mieux le repenser et de le transformer en profondeur.

    S’il est plus que nécessaire de reconnaître la pluralité des expériences, des situations et des points de vue des femmes, un fil conducteur tisse la trame des réflexions partagées dans cet ouvrage : le féminisme décolonial. Sous des angles variés, on comprend davantage comment le colonialisme toujours en cours a pris possession du corps des femmes tout en les dépouillant de leur humanité, de leur agentivité, de leurs droits et de leur liberté. Les enjeux nommés sont tous liés : que l’on parle de réappropriation des cheveux crépus, de lutte à la pauvreté des mères monoparentales et militantes, de revendications des femmes autochtones au-delà de la réconciliation, de l’agentivité des féministes musulmanes, de dénonciation du racisme environnemental, de lutte au profilage racial, de partage et de valorisation de la charge mentale, de justice reproductive ou des enjeux des conditions de travail en milieu universitaire, l’urgence de décoloniser les systèmes, la société et le monde va de pair avec la puissante de l’écoute, de la reconnaissance, de l’organisation, de la solidarité et des luttes des femmes racisées dans un potentiel transformateur renversant.

    Les témoignages consignés dans ce livre sont d’abord expérientiels, puis réflexifs et toujours tournés vers l’action. Des prises de conscience aux recherches approfondies, les femmes qui prennent la parole dans Empreintes de résistance agissent concrètement pour transformer les injustices en autant d’occasions de redonner aux femmes racisées, à leurs enfants et à leurs communautés une légitimité, une dignité, des droits, des victoires. Il s’agit de dénoncer pour mieux déconstruire, réparer, reconstruire, carrément mettre au monde, ensemble, de nouveaux paradigmes et de nouvelles réalités.

    Pour les femmes blanches privilégiées comme celle qui écrit ces lignes, prendre en compte ces trajectoires suppose une responsabilisation. En tout premier lieu d’écouter, de lire et de reconnaître ce qui est. De donner la parole, faire connaître, faire entendre, faire lire les femmes autochtones, noires et racisées. De déconstruire et décoloniser sa compréhension du monde et son rapport au monde. Il est également primordial d’éduquer les autres personnes privilégiées, car le fardeau doit cesser de peser sur les épaules de celles qui luttent en première ligne. Empreintes de résistance constitue en ce sens un outil particulièrement mobilisateur.

    À propos de l’auteure

    Présidente de la Ligue des droits et libertés, Alexandra Pierre est organisatrice communautaire et militante féministe. Avec la collaboration de Avni, Dalila Awada, Naïma Hamrouni, Widia Larivière, Marlihan Lopez, Abisara Machold, Hirut Melaku, Sheetal Pathak et Alejandra Zaga Mendez, elle publie en 2021 Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées aux Éditions du remue-ménage.

     Rédaction : Marie Brodeur Gélinas*, Publié par admin

     *Marie Brodeur Gélinas travaille en éducation à la citoyenneté mondiale. Elle collabore notamment avec L’Espace de la diversité, une organisation dont le mandat en tant que lieu de réflexion et de diffusion est de refonder le sens du mot ensemble en combattant le racisme et l’exclusion par le livre.

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