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    TRÂCE, Sandra Rabrun, en toute sobriété

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    Femme passionnée par les problématiques de genre, Sandra Rabrun nourrissait depuis longtemps le désir de publier ses poèmes en français et  en créole. À la détermination hors norme, elle vient de mettre en circulation son premier recueil au titre frappant TRâce. Cela m’a beaucoup interrogé, et j’ai décidé d’en faire une recension.

    Sandra Rabrun, c’est tout un style. Du genre engagé avec courage, sincérité, attention et passion pour les arts. En tout cas, c’est tout cela que l’on retrouve dans TRâce. L’originalité de ses poèmes bilingues n’aura certainement pas été aussi évidente sans l’intensité de l’écriture de l’intrépide autrice jamais à court d’images renversantes, érotiques même et notamment le concentré de sentiments et d’émotions qui s’y dégagent.

    TRACE
    « Une envie au milieu de mille Une hantise qui titille
    Un baiser errant qui danse
    Ce tatouage dans le cou de la p’te robe
    Ce rire en écho dans les yeux de la chambre
    Ils sont vides de gémissements étouffés
    Faute de ce pas, trop vite entrepris et mal conçu
    Ces notes de jouissance qui ne demandent qu’à mourir
    Sous des désirs houleux »  
    P.5

    Ce qui est frappant dans le recueil de cette présentatrice de télévision et animatrice de radio, c’est qu’elle ne recule pas devant l’épreuve du double langage (je veux parler ici de la superposition de deux langues avec leurs caractéristiques propres). Mais à cette expérience s’ajoute une dimension pathétique. Celle-ci apporte une ampleur charismatique, voire épique à son travail de poétesse. Elle noue ainsi l’épreuve des langues à l’ambition d’être nuancée ( du français au créole), sans jamais s’essouffler dans aucune des deux.        

    Le plus souvent, elle laisse ses élans amoureux débordants de ferveur parler pour elle. Mais avec une finesse, une tendresse à couper le souffle. C’est vrai, elle n’a jamais caché sa véritable nature et n’hésite pas à la démontrer allègrement, passionnément.

    Comme nous aurions pu le parier, elle parvient à s’exprimer dans les deux langues fièrement sans tomber dans la facilité ou le vulgaire. Reconnue pour son sens aigu de l’élégance et son ouverture d’esprit jamais démenti, elle nous a conquis avec TRâce et « Douvanpado », par ses chuchotements et sa singulière tessiture. Des segments poétiques qui captivent en murmurant. Cette circulation discontinue du langage sur fond de diglossie, il faut le mentionner, concourt sans doute à faire de cet esprit artistique talentueux une experte en sobriété, en ellipses. Voilà, qui doit parler à beaucoup de lectrices, voyant là une œuvre au fort potentiel dramatique. Et surprenant. La culture a fait d’elle une battante qui apparaît comme le témoin sensible d’un monde contrasté, où l’énergie de l’amour et de la sensualité se mêle à la fureur du monde.

     DOUVANPADO
    « Lè w gade m tout miwa bese je
    Yo fèmen kou flè dizè
    Ou se plezi gròg anba tonèl mwen
    Depi m wè w bouch mwen kouri dlo
    Tout pannò m se riyèl ki mennen lakay ou
    Kelkanswa sezon souf mwen boujonnen w
    Ou pa bezwen divinò
    Pou w li m, yo mèt  sviw 2 plan men w.»
    P. 33  

    La force de Sandra Rabrun?

    Haletante de bout en bout, elle met en évidence, et avec une sensibilité vraie, la thématique de l’amour-passion, mêlée à la sensualité, sans oublier d’y explorer les échos du monde même si elle écrit une poésie intime. C’est un recueil à lire, à découvrir pour se sentir à la fois plus aimé et plus aimable. Avec jubilation, Sandra Rabrun confirme ce que nous pensons d’elle : c’est une âme d’élite, enthousiaste, tenace, épanouie.    

    De l’auteure
    Avant tout, Sandra Rabrun est pleinement femme et maman. Complice des mots et une farouche amoureuse de la vie. Elle a fondé, en 2017, Passerelle. L’entreprise œuvre dans la représentation de l’art en général, mais surtout l’art et la culture haïtienne.

    Dans une vie parallèle, Rabrun est membre de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec. Elle détient une maîtrise en Administration publique, en développement des organisations et des ressources de l’École nationale de l’administration publique (ENAP). Depuis cinq ans, elle travaille à contribuer à la construction de solutions des jeunes des communautés noires du Québec.  

    Rabrun, Sandra. 2023. TRâce, Montréal, Québec: Les Éditions du CIDIHCA

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