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    Benita Jacques, un regard décolonisé

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    Après douze ans de recherches et de travail, Benita Jacques propose un regard décolonisé dans L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes. La réalisatrice et productrice s’était rendue sur l’immense continent, là où est née l’humanité, où, avec l’Égypte, a fleuri le plus durable des empires. Rencontre.

    Par Jean-Bart Souka

    Jean-Bart Souka (J.-B. S.) Réalisatrice montréalaise d’origine haïtienne, vous êtes allée à Cannes récemment pour présenter L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes. Avant de revenir sur la genèse de ce film anthropologique qui a été projeté le 15 mai 2024 au Pavillon Afriques au marché du film de Cannes, comment avez-vous vécu l’expérience de ce festival international du film?

    Benita Jacques (B. J.) : L’expérience du festival international du film de Cannes a été incroyable. C’était un honneur de présenter mon film L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes au Pavillon Afriques le 15 mai 2024. La salle était comble et les gens étaient profondément émus et pleuraient de joie en découvrant le film. La projection du film a été suivie d’un entretien émouvant qui a duré près de deux heures, mais, malheureusement, nous avons dû mettre fin à l’échange pour fermer le pavillon. C’était une expérience très émouvante de constater à quel point le film a touché les spectateurs et a suscité un dialogue respectueux entre les peuples.

    J.-B. S. : L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes au-delà de son regard perçant sur l’histoire, sur la très longue histoire du continent africain, est perçue comme une quête identitaire, une entreprise de décolonisation. Il devient ainsi difficile d’ignorer la genèse de cette entreprise de décolonisation. D’où vient l’idée de réaliser ce film?

    B. J. : L’idée de réaliser ce film est née de ma quête identitaire et de mon engagement pour l’entreprise de décolonisation. Je souhaitais explorer la longue histoire du continent africain et mettre en avant sa contribution à l’humanité. Mon objectif était de créer un film qui permette aux peuples de revendiquer leur part d’Afrique, en brisant les stéréotypes et en favorisant la réconciliation entre les peuples. Nous devons grandir et nous éloigner du schéma victime-bourreau entre les peuples, en nous tournant vers l’Afrique précolombienne pour rebondir et en nous projetant vers l’avenir en tant qu’êtres humains unifiés.

    J.-B. S. : Votre documentaire doit son titre à une exposition éponyme que vous avez pu voir à Dakar. Et il vous a pris douze ans de préparation et de travail. Avez-vous été dans d’autres pays du continent africain pour effleurer les traces de vos ancêtres africains transportés en Haïti?

    B. J. : Le film a principalement été tourné au Sénégal, où j’ai pu explorer les traces de mes ancêtres africains. J’ai également visité d’autres pays d’Afrique pour comprendre la diversité et la richesse du continent. Cette expérience a été essentielle pour donner une perspective globale à mon film et pour montrer la connexion entre l’Afrique et Haïti.

    Je suis très reconnaissante d’avoir été primée dans plusieurs autres grands festivals à travers le monde. Au total, le film a été sélectionné officiellement et honoré dans trente-huit festivals, dont sa projection au Festival de Cannes. Cela témoigne de l’impact et de l’importance de cette œuvre.

    J.-B. S. : Après autant de succès, avez-vous d’autres projets en perspective?

    B. J. : Après ce succès retentissant, j’ai effectivement d’autres projets cinématographiques en perspective. Je souhaite continuer à sensibiliser, éduquer et décoloniser par l’art, en utilisant le cinéma comme moyen de promouvoir la réconciliation et de rassembler les peuples.

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