Avec une marge artistique de 160 millions de dollars pour 2024-2025, 100 millions de moins que l’année dernière, le budget alloué à la culture, et particulièrement au Conseil des arts et des lettres du Québec, n’est pas dans les clous. Étonnant quand on sait que le thème patrimoine est traditionnellement plus défendu par la droite ! Au-delà des clivages politiques, cette coupe budgétaire, contraire à toute politique culturelle ambitieuse, devrait nous indigner !
Il faudrait aux multiples talents des artisans le don de prestidigitation pour conjuguer mécénat culturel en chute libre avec un calendrier chargé de manifestations culturelles, théâtrales, picturales, cinématographiques, musicales, gastronomiques ou littéraires qui ont essaimé partout au Québec et comme dans le reste du Canada.
Comment financer l’activité artistique
Dans « l’angle mort du financement de la culture », les ressources sont largement sollicitées, mais l’octroi de ces subventions est officieusement conditionné. Une part majoritaire des fonds est octroyée aux organismes aux reflets de grande performance, ceux dont la logique de mission descriptive est calquée aux exigences des fonds pour la mission. Leur longévité dans le secteur et leur notoriété sont tout autant capitales à faire basculer les fonds de leurs côtés. Ces records de bénéfices font le lit des inégalités aux ressources. Il ne reste que de la miette pour les organismes nouveaux, petits de taille et de personnel pourtant plus nécessiteux de ces aides.
Les organismes, promoteurs d’événements et artistes, doivent avoir les moyens de leurs ambitions artistiques. Ce sont eux, qui chaque année, renouvellent le visage de la culture par leur riche programmation: Culture afrodescendante et communautés racisées insinuent lieux pluridisciplinaires et éventail charnu : Festival international du film black de Montréal de la Fondation Fabienne Colas, Festitheatrecréole de la Compagnie Théâtre Créole, Salon International de la Femme Noire d’Audace au féminin, festival Martinique Gourmande rassemblant restaurateurs et aficionados des riches saveurs de la petite île caribéenne, Mois de l’histoire des Noirs, la Journée du livre haïtien, le Mois du Créole à Montréal, Ma plume contre le racisme et le profilage racial de Lakay, etc.
Les communautés racisées sont tout aussi enthousiasmées par la récente murale en hommage aux Afro-Québécois. Voir la grande murale identitaire au parc Karim-Ouellet, au cœur du quartier Montcalm, à Québec, est tout un symbole. Symbiose d’une collaboration entre divers citoyens passionnés des arts vivants, cette fresque d’envergure (12 mètres de hauteur sur 36 mètres de largeur) met en relief la contribution des personnes noires et afrodescendantes dans la ville de Québec. L’initiative de Webster (Aly Ndiaye) complète la liste des fiertés de la communauté afro-descendante.
Dans ce monde en perpétuelle mouvance, il nous faut de l’art, de l’art à hautes doses, à grandeur humaine pour protester contre les insuffisances des temps modernes.