La communauté de Wôlinak a vibré au rythme des tambours, des chants et des danses du Pow-wow, en août dernier. Retour sur une fête familiale et ancestrale qui a réuni des centaines de visiteurs et d’habitués dans cette réserve abénaquise, située près de la rivière Bécancour, en face de Trois-Rivières.
Par Jean-Max St Fleur
Il était environ 13 h ce samedi 24 août quand le maître de cérémonie invita les participants à se mettre debout et à retirer leur chapeau pour la « Grande entrée ». Dans cette partie spirituelle de l’événement, un groupe de porteurs de drapeaux entra alors solennellement sur le parvis, suivi par les vétérans et les danseurs. Vêtu de leur regalia, vêtement bigarré traditionnel des autochtones, chaque danseur jetait une pincée de tabac sur la piste en signe de purification. Certaines danses, en raison de leur caractère sacré, n’ont pas pu être photographiées ou filmées. « Un signe de respect », nous a expliqué Line Lefebvre-Girard, une des organisatrices de l’événement.
À quelques mètres de là, de longues files de voitures bordaient le boulevard du Danube, le chemin Leblanc et les environs. Des gens se pressaient de rejoindre l’estrade. Personne ne voulait rater l’entrée des danseurs et du cortège intertribal. « Dépêchez-vous, ça va commencer », a lancé une dame à son garçon, qui faisait le pied de grue. « J’ai vu un homme avec son habit bariolé, le visage soigneusement coloré. Il avait une cape perlée et une tournure de plumes sur le dos. Il était très beau », a concédé Marie-Josée Louis, émerveillée.
Les visiteurs, qui découvraient pour la première fois les remarquables créations des artisans autochtones, étaient manifestement étonnés. Si certains sont tombés sous le charme des t-shirts marqués des effigies des patriarches des Premières Nations, d’autres ont eu des coups de cœur pour les produits de l’artisanat, tels des bracelets, des colliers et des boucles d’oreilles.
Entrer dans la danse
Nul n’avait besoin d’être un expert pour entrer dans la danse avec les Abénaquis de Wôlinak. Il fallait juste suivre le rythme comme tout le monde, en cercle, l’un derrière l’autre avec des pas mesurés, dans le sens des aiguilles d’une montre. « Quand l’animateur nous a invités à rejoindre la piste, je me suis prêté au jeu à cœur joie. Je me suis bien régalé », s’est réjoui Junior Théagène, un jeune Haïtien de passage au Québec. Il y a, de fait, un petit trait commun avec le Rara, une des grandes fêtes populaires du peuple haïtien. Le style des danses et les accoutrements aux couleurs vives des initiés se ressemblent.
La plupart des danses du Pow-wow s’inspirent des activités quotidiennes et spirituelles de la communauté. Et il y en a eu plusieurs types mettant en relief des jeux de pieds au sol, des acrobaties ou encore des pirouettes et des petits tours de hanches de jolies dames…
On peut citer, entre autres, les danses des herbes sacrées, les danses de cerceaux ou de guérison, les danses libres, et d’autres encore, qui évoquent des rites de passage où il faut prier avant de se lancer sur la piste. « Toutes les danses ont une histoire. Elles sont reliées avec les habits des danseurs et sont empreintes de spiritualité. Certaines s’exécutent très doucement et d’autres sont plus rythmées », a confirmé Line Lefebvre‑Girard, qui fait office de coordonnatrice des terres, de l’habitation et de projets spéciaux dans la communauté.
Un rassemblement riche en couleurs
Le Pow-wow est un événement annuel haut en couleur. Il est réputé être un moment privilégié pour les Abénaquis pour mettre en lumière les valeurs et les richesses culturelles de leur communauté, mais aussi celles d’autres Premières Nations du Québec et du Canada. « Chaque année, à pareille époque, l’ambiance est la même », lance une jeune fille toute excitée de rejoindre la piste de danse où hommes, femmes et enfants continuent de piaffer au rythme des tambours. Cette célébration annuelle, profondément enracinée dans la culture abénaquise, garde la même trame et le même contenu qui font sa popularité depuis des dizaines d’années : chants, danses traditionnelles, vêtements très colorés, expériences culinaires, artisanat, etc.
En fait, le Pow-wow est bien plus qu’un spectacle culturel et artistique. C’est aussi un moment de convivialité, d’ambiance amicale et de partage communautaire et intertribal. « La communauté est ouverte. On est très hospitalier », assure Line.
L’édition 2024 du Pow-wow a marqué les esprits. Celui ou celle qui a participé pour la première fois aura au moins trois raisons de vouloir y revenir l’année prochaine : l’immense talent des artisans autochtones, la diversité des styles de danses et surtout la joie de vivre d’une communauté sympathique et résiliente.



