Par Sandrellie Séraphin
Si François Legault, premier ministre du Québec, cherche un numéro de téléphone pour l’immigration, on peut lui suggérer celui d’immiGrand.
En raccrochant d’une conversation avec Marc Emmanuel Dorcin, président de l’organisme, on se sentira gagné par enthousiasme, tellement sa vision de l’immigration est claire. Elle est gravée dans le nom même de la boîte. Comme on graverait une devise dans le fronton d’un édifice public.
Toute la mission de l’organisme est subtilisée dans l’art d’esquisse orthographique : immiGrand, c’est avec un G, comme dans grandeur au milieu. Son fondateur veut répondre à toutes les questions de l’intégration complète et épanouissement socioéconomique des personnes issues de l’immigration.
À quoi servirait un gala en immigration…
À offrir aux xénophobes la possibilité d’un étonnement salutaire sur les valeurs, apports et bienfaits de l’immigration.
À prouver à ceux qui trouvent ici une terre d’accueil, qui galèrent au quotidien, confrontent racisme, protectionnisme, qu’il existe des Gabens Jean, Myriam Coulibaly, Garihanna Jean-Louis, Wesli Louissaint, Jacques Olivier, Rhodie Lamour, Henriette Kandula, Annick Kwetcheu, Sly Toussaint, Bettyna Bélizaire, Dre Madeleine Achkar, Me Fernando Belton, etc. comme arguments contre leurs incertitudes, en quelques gestes inspirés. Ce sont des étoiles venues d’ailleurs, que rien ici ne peut éclipser.
À offrir à ces astres radieux la bonne compagnie des personnes racisées, car en constellations il est plus intéressant d’observer une immigration qui brille de réussite par une synergie de compétences et d’accomplissements.
Des prouesses à souligner, à célébrer. Solennité ! Le décor est planté ce 26 octobre à la BAnQ. Une fois passée les baies vitrées, l’on pénètre dans une bâtisse hautement symbolique. Sous l’ombre de la sculpture de Dany Laferrière, le premier immortel haïtiano-québécois, le rouge carmin du tapis accueille des élus, des entrepreneurs, anciens et actuels récipiendaires du prix, autorités québécoises, donateurs, diaspora des communautés ethniques, le public s’invite sous le signe du style, tenues de Ville, thème Gala, le maître-mot est le chic.
Les paillettes, mais pas que… les moments les plus forts de la soirée furent marquants. Dorcin, au lutrin à la BAnQ lors de la troisième cérémonie de Nos étoiles venues d’ailleurs (NEVA), ouvre son allocution en toute gratitude au Groupe 3737, mais surtout par une entorse au protocole en décernant un prix hors catégorie à une personnalité jusque-là surprise au grand public. Elle vient tout juste d’Haïti pour assister aux réalisations de son fils, dépositaire de toutes les valeurs qui ont conditionné sa réussite et ses entreprises. Le portrait de Mme Dorcin brossé en quelques mots et plein de vitalité a suscité une ovation nourrie de l’ensemble de l’assistance.
Se défilent alors les personnalités annoncées de la soirée.
Mariam Coulibaly, fondatrice et directrice générale de Startop, un incubateur de communautés féminines qui accompagne les femmes sur le chemin de l’entrepreneuriat et de l’économie sociale, a reçu le premier trophée de la soirée. Et pour cause. Mariam est une créative allumée. Elle se donne « pour mission de démocratiser » l’entrepreneuriat parce que, dit-elle, les femmes sont encore très sous-représentées dans la chaîne entrepreneuriale. Le décrochage entrepreneurial des femmes fait grandir, selon elle, l’écart au profit des hommes dans la démographie des entreprises. Celle qui s’est fixé un objectif précis de féminiser ce secteur reçoit son trophée avec une grande impression. Ce verre qui fait la clarté et brillance de son prix, lui rappelle malheureusement la résistance du plafond à briser pour les femmes.
Suite logique de l’entrepreneuriat, Garbens Jean gravit la scène pour parler de planification stratégique. Il est consultant en développement organisationnel et en gouvernance et membre du Groupe des trente.
En voyage professionnel en Angleterre, Wesli Louissaint n’a pas pu faire un rapide retour à Montréal pour vivre tout l’éloge qu’il mérite. L’ImmiGrand Deluxe – référence au titre de l’un de ses albums – a eu recours à une vidéo diffusée au gala dans laquelle transperçait l’entregent caractérisant le musicien à succès. Comme la conscience patriotique derrière sa musique. Sa précieuse gravure de cristal personnalisée d’immiGrand est bien gardée par un cadre du Groupe 3737, Ed Vertus, en attendant son retour au bercail.
Boute-en-train du gala de reconnaissance, Garihanna Jean-Louis a fait son numéro d’humour. La première et la seule femme noire à être diplômée de l’École nationale de l’humour a accepté sa distinction honorifique au nom de l’humour. De l’humour haïtien. Et aussi de ses parents, de ses grands-parents, de la première et de la plus récente générations d’immigrants incarnant le courage et la détermination au Québec et ailleurs au Canada. Festive comme une partie de sucre, elle sera la porte-parole officielle de la Francophonie 2025 au Canada. En attendant, sa première bande dessinée en salle.