Par Victor Junior Jean

Les défis liés aux diverses formes de discrimination restent énormes, tant dans l’arène politique que dans le milieu audiovisuel ou dans tout autre sphère.

En campagne électorale, Dominique Anglade dénonçait le « sexisme de François Legault » lorsque ce dernier l’avait désignée par « cette madame » en point de presse. Elle était l’unique « cheffe » de parti et la seule Noire en lice pour briguer le poste de premier ministre du Québec en 2022.

En 2019, alors candidate à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), celle qui est née de parents haïtiens et qui entend tracer le chemin pour les femmes, a dû se placer au-dessus de quelques propos discriminatoires.

Les commentaires condescendants contre sa personne avaient poussé Boucar Diouf à réagir dans La Presse. « En murmurant dans l’ombre que Dominique Anglade ne pourrait pas percer en région parce qu’elle est légèrement plus bronzée que la moyenne nationale, certains militants libéraux sont tombés dans le racisme par procuration. […] Quand on croit qu’il suffit de les appâter avec un Blanc de Drummondville pour que le vote des régions revienne au PLQ, le mépris n’est pas très loin », écrivait-il.

En août 2022, la journaliste Lisa LaFlamme, 58 ans, a été chassée de CTV National News après 35 ans de carrière à CTV News. Plus d’un souligne le sexisme et l’âgisme dont serait victime la cheffe d’antenne aux cheveux gris et blancs, qui présentait l’émission de nouvelles la plus regardée au Canada. Même si Bell Media, société mère de ce réseau national anglophone, a évoqué « l’évolution des habitudes des téléspectateurs » pour défendre sa décision.

Chose certaine, une personne – surtout si elle cumule plusieurs identités – peut être victime de plus d’une discrimination de façon simultanée. C’est l’univers complexe de l’intersectionnalité (intersection des groupes désignés ou groupes marginalisés) où sont prises en compte toutes les formes de discrimination, de stratification et de domination dans les sociétés modernes. En d’autres termes, les spécialistes de cette approche théorique mentionnent la pluralité et l’entrecroisement des discriminations.

Par exemple, un immigrant noir et homosexuel peut se trouver dans un carrefour de discriminations et sort simultanément victime de racisme, de discrimination à l’embauche et d’homophobie.

Prenons aussi l’écart salarial. Les femmes blanches non racisées gagnent moins en moyenne que les hommes blancs. Moins privilégiées, en revanche, les femmes racisées perçoivent en général un revenu encore nettement plus bas que les hommes blancs. C’est dire que l’influence du genre et de la race d’une personne est réelle sur son revenu.

Selon des recherches féministes, la gent féminine représente généralement le groupe de personnes qui est le plus victime de ces injustices.