Par Victor Junior Jean

À l’initiative de la Chaire Senghor de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), la Francophonie y est au centre d’une journée scientifique, le 28 septembre 2023.

Les discussions concernent entre autres les questions d’immigration, de relations internationales, de développement, d’autochtonie et des médias. L’objectif est clair : « réunir des acteurs (universitaires, culturels, économiques, littéraires, etc.) pour qui la Francophonie est non seulement un objet ou un sujet d’étude, un domaine de prédilection et d’expression artistiques, mais aussi un idéal incarné ou réincarné dans un monde “privé de sens” ».

Selon la direction des communications et de recrutement de l’UQO, cette activité marque « le début des activités célébrant les 12 ans de la chaire Senghor de la Francophonie de l’Outaouais ». Celle-ci, la première en Amérique du Nord, a été inaugurée par l’ancien Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf. Cette Chaire est dirigée par Ndiaga Loum, juriste, politologue et professeur titulaire au Département des sciences sociales à l’UQO.

Parmi les invités à ce colloque international sont mentionnés le nom de Clément Duhaime, ancien administrateur de l’OIF et ancien délégué général du Québec à Paris;  François Gérin-Lajoie, président de la Fondation Paul Gérin-Lajoie; la Sénégalaise Aida Mbodj, ancienne ministre, initiatrice de deux importantes lois (l’une sur la parité absolue entre hommes et femmes, et l’autre sur la criminalisation du viol); Jean-Marie Bézard, philosophe français et président du réseau international d’innovation; Yao Assogba, professeur émérite à l’UQO; Jonathan Paquette et Sanni Yaya de l’Université d’Ottawa, ainsi que Brian Murq de Seattle University et Destiny Tchehouali de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

 Senghor, le français et les langues africaines

Que veut dire la Francophonie? C’est une structure institutionnalisée qui, sur cinq continents, regroupe trois cents vingt et un millions de personnes ayant la langue française en commun, selon l’estimation de l’Observatoire de la langue française en 2018. À quoi sert-elle? Elle constitue, d’un point de vue de l’Organisation internationale de la Francophonie, « un dispositif institutionnel voué à promouvoir le français et à mettre en œuvre une coopération politique, éducative, économique et culturelle au sein des 88 États et gouvernements ». En d’autres termes, l’OIF se donne pour missions de « promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, la paix, la démocratie et les droits de l’Homme; d’appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche; et de développer la coopération économique au service du développement durable ».

À la base, Léopold Sédar Senghor, père de la Francophonie, s’intéressait au « rassemblement des peuples francophones ». Plus précisément, cet admirateur du français, qui a joué un rôle prépondérant dans la valorisation de cette langue, était favorable au dialogue de toutes les cultures. Le Sénégalais croyait qu’il était nécessaire d’apprendre le français afin de dialoguer avec toutes les cultures francophones tout en défendant les cultures africaines.

Dans cette perspective d’universalisme et d’humanisme, il ne voyait pas la langue comme un instrument de domination, mais plutôt un vecteur de changement des rapports entre les francophones du Nord et ceux du Sud. Il était surtout question d’harmonisation et de respect mutuel. Selon sa formule, « défendre une langue, c’est respecter les autres langues ».