La musique jouée par Gifrants, de son vrai nom Marcien Guy Frantz Toussaint, est polyrythmique. L’interprète et musicien érudit a su construire une discographie bien garnie. Rencontre de Jean-Bart Souka avec le père du concept Natif qui poursuit sa longue marche vers, bientôt, une trentaine d’opus.

Jean-Bart Souka (J-BS) : J’ai eu le privilège d’écouter quelques pièces qui seront gravées dans votre vingt-neuvième album. Son titre résonne comme un éloge à la flûte. Comme ce fut le cas d’ailleurs pour le piano dans votre précédent opus. En quoi consiste cette nouvelle œuvre dont la sortie est prévue pour l’automne 2023? Et pourquoi ce désir de mettre en évidence des instruments de musique?

Gifrants : Je commence par te remercier, Souka, pour cette merveilleuse opportunité que tu m’offres de parler une fois de plus de ma musique. Oui, je viens d’enregistrer mon 29e album Kòman m Tande Flit la tiré de mon recueil éponyme, lequel est disponible en ligne (je veux parler du recueil). 

La flûte, tout comme le banjo, est aussi l’un des instruments de prédilection de nos paysans. En fait, la flûte est très utilisée dans le rythme Kwazelewit fortement influencé par le menuet français et mis en évidence durant nos carnavals dans le nord d’Haïti avec la présentation des tresèderiban. Bien qu’il soit important pour moi de tout explorer dans le spectrum de notre musique, je ne fais aussi qu’obéir aux vibrations musicales de cette créativité formulée par des vagues d’inspirations qui font de moi un bon récipient.

J-BS : Dans ce projet, vous intégrez de jeunes diplômés de l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Comment était la collaboration?

Gifrants : Je peux dire que tout au cours de ma carrière musicale, j’ai eu l’opportunité et le privilège de bénéficier des talents de grands musiciens. Leur apport à ma musique et leur professionnalisme m’ont permis de partager avec le grand public ces œuvres qui, je crois, présentent notre musique dans toute sa beauté.

J-BS : La valorisation de rythmes traditionnels d’Haïti, de chants vodouesques, de reflets de rythmes brésiliens, et le jazz constituent une constante dans l’approche éclectique que vous cultivez. D’où vient cette empathie affective à l’égard de ces genres ou sous-genres musicaux?

Gifrants : Une symbiose culturelle a toujours existé au cours de notre histoire ou pour mieux dire, au cours de l’histoire de la République d’Haïti, et cette symbiose existe toujours. Néanmoins, jouer cette musique avec notre sensibilité collective sans trahir son essence demeure un facteur important pour son authenticité. De plus, l’artiste, celui qui comprend ses responsabilités quant à la culture de son pays, doit refléter cette personnalisation qui rejoint la projection collective de l’individu haïtien.

J-BS: Vous prévoyez lancer l’album d’ici l’automne 2023 à Montréal. Comptez-vous organiser un événement de circonstance?

Gifrants : Oui, cet album sera formellement présenté au grand public au printemps. Merci une fois de plus pour l’entrevue. Et, je profite de l’occasion pour dire bonjourà tous!