Le Québec est réputé d’être un territoire accueillant et qui se démène pour accompagner les nouveaux arrivants à mieux s’intégrer à la culture majoritaire. Et ce n’est pas Kelly Mesa qui vous dira le contraire. Récit d’une immigrante de souche.

Kelly Mesa n’avait que dix-huit ans quand elle et sa famille ont été accueillies en tant que réfugiées au Canada, en 2007. « J’ai été chanceuse et privilégiée de recevoir une aide exceptionnelle de l’État », se souvient, l’air reconnaissant, la jeune femme appartenant à l’ethnicité colombienne installée ici.

Cette reconnaissance, elle la transforme depuis quelques années en mission sociale. Mesa essaie, en effet, de la témoigner envers des personnes immigrantes en situation précaire à chaque fois qu’elle en a la possibilité. Tant dans la politique où elle a été attachée politique de l’ex-député Saul Polo que dans ses différentes fonctions, la native de Medellin, surnommée la ville du printemps éternel en Colombie offre « toute l’assistance nécessaire aux nouveaux arrivants. C’est comme pour rendre la pareille à la collectivité ».

Bien qu’elle ait bénéficié d’un bon encadrement social, son intégration n’a toutefois pas été un long fleuve tranquille. L’un des plus grands défis qu’elle a dû affronter pour se faire une place dans la société québécoise, était sa capacité à parler, écrire et comprendre le français. Comme toute personne immigrante non francophone d’ailleurs.

Prendre sa place par le français

« Je pouvais à peine dire bonjour, merci et au revoir », se remémore celle qui fait aujourd’hui office d’attachée politique au cabinet de Frédéric Beauchemin, député de la circonscription de Marguerite-Bourgeoys.

Dans La Belle Province, le français – étant le principal marqueur identitaire de la nation québécoise en Amérique du Nord – demeure un élément clé pour tailler une place au soleil.

L’immigrante de souche colombienne en était bien consciente. Elle n’a pas hésité à se lancer dans l’apprentissage immédiat de la langue. Après neuf mois de cours intensifs au Cégep de Saint-Jérôme, elle a acquis les notions essentielles du français. Néanmoins, ce premier niveau ne lui a pas été suffisant pour avoir pleinement accès au monde universitaire. « J’avais énormément de difficultés à comprendre les professeurs », se rappelle la jeune femme en entrevue à COM1. Mesa a dû finalement obtenir un certificat en français pour non-francophones, en vue d’améliorer ses compétences linguistiques et entamer des études universitaires avec sérénité.

Aujourd’hui, elle détient un baccalauréat en gestion des ressources humaines et veut continuer à grandir et explorer tous les privilèges que lui offre le Québec tant sur le plan universitaire que du point de vue professionnel.

Microdiscrimination

La discrimination directe, soit la forme la plus rudimentaire et la plus fragrante au Québec, elle n’en a pas connu. Sinon quelques bribes des souvenirs de discrimination linguistique isolés basés sur son accent. Kelly Messa se réjouit subséquemment de n’avoir pas été victime de racisme contrairement à d’autres personnes immigrantes issues des minorités visibles.

Notre interlocutrice encourage les personnes immigrantes, spécifiquement les jeunes, à garder leur idéal, respecter les principes établis et travailler fort en vue de réaliser leurs rêves. « Au Québec, tout le monde peut se faire une place. Il faut savoir comment s’y prendre, avoir une certaine volonté de s’approprier des réalités socio – culturelles et de vivre dans le respect des valeurs du pays », conseille celle qui tire de son expérience d’immigrante pour aider les personnes ayant l’ascendance étrangère immédiate vivant au Québec.