La députée Madwa-Nika Cadet représente la circonscription de Bourassa-Sauvé à l’Assemblée nationale du Québec depuis octobre 2022. Derrière le visage souriant de cette parlementaire, se cache une histoire fascinante. Inspirante. Zoom sur cet enfant de Montréal-Nord.

Née en 1990 au Canada de parents haïtiens, Madwa-Nika Cadet, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’emploi, est la plus jeune nouvelle élue de la 43e législature aux élections d’octobre 2022. La jeune dame a grandi à Rivière-des-Prairies, au nord-est de l’île de Montréal. Et, c’est dans ce secteur, qui n’a pas souvent bonne renommée dans les médias, que la parlementaire a commencé à tailler de manière remarquable son parcours dans la vie communautaire et politique.

 Une âme bien née

En 2008, elle n’a que 18 ans quand elle s’engage, avec d’autres jeunes, auprès Line Beauchamp, ancienne vice-première ministre du Québec qui était, à l’époque, députée de Bourassa-Sauvé. « Mme Beauchamp cherchait des jeunes pour représenter la circonscription, pour faire sortir ce qui est bon dans notre quartier qui subissait d’un déficit de réputation dans les médias », se rappelle la parlementaire.

Une once de bonne réputation, dit-on, vaut mieux que mille livres d’or. Madwa-Nika n’en doutait pas. Elle a levé la main et s’est engagée dans le but de contribuer à redorer l’image de son quartier: « J’ai toujours pensé que l’implication dans la politique était le meilleur vecteur de changement social. J’ai toujours senti ce besoin de m’investir dans ma communauté ».

Son enthousiasme et son envie de changer les choses lui permettent alors de gravir rapidement les échelons et se placer du coup en porte-à-faux par rapport aux discours et images stéréotypés diffusés sur la communauté qui l’a vu grandir et prendre son envol. Là-bas, il y a beaucoup d’histoires à succès dont on ne parle pas dans les médias. Elles sont nombreuses les jeunes immigrants et immigrantes qui réussissent et qui restent dans l’ombre. « Il y a du beau, du très beau qui fleurit à Montréal-Nord. Il y a de jeunes femmes noires qui réussissent très bien sans que les projecteurs soient mis sur ces succès », souligne la députée.

Un parcours exceptionnel

En 2008, Madwa-Nika rejoint la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ), l’instance jeune la plus influente du Canada à l’époque. Puis, elle devient respectivement vice-présidente et présidente des jeunes libéraux du Québec alors qu’elle est aux études. Avec ce chapeau, elle représente l’ensemble des intérêts des 16-25 ans à travers toute la province. Elle a, ensuite, prêté ses services à titre de conseillère en politiques au sein du cabinet du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada et d’analyste juridique au sein du Groupe de la Banque mondiale.

Au fur et à mesure, elle a poli ce talent de leader jusqu’à devenir aujourd’hui une pièce maîtresse au sein de l’Assemblée nationale du Québec. Outre sa casquette de députée, elle est porte-parole de l’opposition officielle en matière d’emploi, de langue française, de travail, pour la jeunesse. Pour le bonheur de la gent féminine qui est sous-représentée dans la sphère politique au Québec. « On s’améliore en matière de représentation de la femme en politique au Québec. Mais comme pour tout groupe minoritaire et historiquement sous-représenté, ce progrès demeure fragile. Il faut rester vigilant », soutient la jeune parlementaire.

L’équité de chance

Cette vigilance est d’autant plus importante pour faciliter l’intégration et le développement des jeunes femmes issues des communautés noires et racisées dans la société québécoise. Madwa-Nika le sait. Elle est très sensible à la problématique de l’équité de chance dont elle a été témoin dans son parcours. Elle souhaite vivement que les politiques puissent prendre conscience véritablement de la diversité qui abonde sur le territoire et que ceux-ci s’adaptent à la diversité et non l’inverse.

« Nous continuons à travailler de manière à favoriser le développement de tous les jeunes en général et des jeunes femmes noires marginalisées en particulier », dit-elle.

En tant que mère de famille, elle sait aussi que ce n’est pas du tout facile pour une jeune femme de concilier travail et vie familiale. À l’Association des jeunes parlementaires, elle plaide en faveur d’un renforcement des politiques sur la conciliation travail et vie de famille qui constitue un vrai défi dans le milieu politique dominé par les hommes Madwa-Nika encourage les jeunes femmes à redoubler d’efforts et à prendre leur destin en main. « Vous avez toutes les ressources en vous, vous avez la flamme pour réussir. L’important c’est de savoir comment canaliser ces forces pour réussir et devenir aussi des modèles ».

Du haut de ses 33 ans, Madwa-Nika Cadet est titulaire d’un baccalauréat en droit et d’une maîtrise en administration des affaires de l’Université de Sherbrooke, ainsi que d’une maîtrise en politiques publiques de l’Université Georgetown.